C'est à un jeune poète de vingt ans, venu d'Alexandrie, que Georges Brassens lança en 1954 : " Chante, Moustaki ! Ta chanson s'envolera... " Quinze ans plus tard, Georges Moustaki confiera au vent ses notes et ses mots : " Avec ma gueule de métèque, / De juif errant, de pâtre grec... " Le Métèque deviendra un succès international, puis un " standard " mondial au même titre que Milord, chanson qu'il avait écrite pour Édith Piaf en 1958.
Il signera aussi quelques merveilles pour Barbara (La longue dame brune) et pour Serge Reggiani (Ma liberté, Ma solitude, Sarah, etc.). Mais, à partir de 1969, suivant le conseil de Brassens, il n'hésitera plus à défendre lui-même son répertoire.
" Mes chansons, confie-t-il, ont le poids de ce que je vis. " Comme autant de pages d'un journal intime mises en musique, elles célèbrent et donnent à aimer tout ce qui fait le sel de l'existence : les rencontres et l'amour, les voyages et la littérature, l'art et la liberté ; elles stigmatisent sans hésiter tous les systèmes humains qui contraignent, humilient, blessent et détruisent ; elles plaident pour une " révolution permanente ".
Artiste tendre s'il en est, " nonchalant qui passe ", Georges Moustaki, sans hausser le ton, ne manque jamais de s'engager avec force dans le seul parti qui vaille sous toutes les latitudes : celui de ses " frères humains ". Car tel est son chant, telle est sa philosophie joyeuse et contagieuse : " Nous avons toute la vie pour nous amuser / Et toute la mort pour nous reposer. "
Éphémère éternité
: un art de vivre décliné en chansons.