Confessions et mémoires d'un sorcier du sonNoël 1963. Guy Cuevas, jeune cubain de 18 ans, profite d'une rencontre inattendue avec Fidel Castro pour oser lui demander un " permis de sortie " vers la France. Cela s'appelle se choisir un destin, car quelques semaines passent et il est autorisé à partir.
Arrivé à Paris, Guy s'accommode comme il peut de la pauvreté ; mais doté d'un rire éclatant, d'une intuition et d'une capacité d'observation hors du commun, il noue des amitiés qui prolifèrent en d'autres amitiés. Très vite son goût pour la fête et son amour de la musique le jettent dans le grand bazar noctambule. Au Nuage, rue Bernard Palissy, une proposition d'embauche lui est faite ; Guy attrape une nouvelle fois la chance par le cou et le voici " disc-jockey " au-dessus des platines.
On le retrouve plus tard au Sept puis au mythique Palace où il se mue en sorcier du son, capable de scénographies musicales qui électrisent, envoûtent et transportent des publics sidérés de découvrir combien le son d'une discothèque peut être ample, retentissant, soudainement léger, religieux puis de nouveau tonitruant. À l'avant-garde d'un métier qu'il contribuera à élever parmi les disciplines artistiques, Guy associe des images, des slogans, des discours politiques aux séquences les plus dansantes. 15 000 nuits s'enchaînent en formant une époque. Il compose aussi ses propres morceaux, collabore à des films, habille de sa musique les défilés de Kenzo ou d'Yves Saint Laurent.
Aux heures glorieuses succèdent l'épidémie du Sida, l'individualisme, la prudence et la morale : une certaine idée de la fête s'enfonce sous les cendres.
Avant que la nuit ne m'emporte est le récit d'une épopée libertaire. Là où d'autres mémorialistes de la nuit parisienne ne retiennent que les castings clinquants et les excès rebattus, Guy Cuevas s'attarde sur une aventure française et ses anges blessés. Avec ce livre sensible et juste, il apporte " le " témoignage lucide et beau que chaque monde révolu est en droit de recevoir.