Depuis 2013, une bactérie en provenance du continent américain décime les oliviers centenaires du sud-est de l'Italie. Son nom obscur – Xylella fastidiosa – semble entretenir le mystère qui pousse une espèce vivant en harmonie dans son milieu naturel d'origine à semer la désolation ailleurs, comme le fit le champignon invasif responsable du mildiou de la pomme de terre, à l'origine de la famine qui tua un million d'Irlandais au milieu du XIXe siècle, ou le phylloxéra, puceron ravageur des vignes françaises dans les années 1860-80.
L'emblématique pathogène Xylella est l'un des représentants les plus redoutés des nombreuses espèces exotiques envahissantes – micro-organismes, animaux et plantes invasives – qui se propagent à la surface du globe en suivant les voies de circulation d'une mondialisation par trop négligente. Affectant non seulement l'agriculture mais aussi la santé publique – à l'image du moustique-tigre, vecteur des virus de la dengue et du chikungunya –, ces bio-agresseurs invasifs sont synonymes de graves nuisances écologiques pour les écosystèmes et la biodiversité, tel le charançon, nuisible aux palmiers de la Côte d'Azur, les grenouilles-taureaux fatales aux reinettes, ou la plante jussie, cauchemar des milieux aquatiques...
Qui sont ces nouveaux fléaux biologiques ? Comment s'opère la dissémination de ces espèces invasives dans le monde, en particulier en Europe ? Avec quels préjudices ? Par quels moyens les endiguer ?
Une enquête pour mieux cerner ces bio-agresseurs, comprendre le phénomène de prolifération invasive et mettre en lumière les acteurs méconnus de l'épidémiosurveillance engagés dans la détection et la lutte contre ces nouveaux fléaux.