« Il parsèmera son récit de petites circonstances si liées à la chose, de traits si simples, si naturels et toutefois si difficiles à imaginer, que vous serez forcée de vous dire en vous-même : « Ma foi, cela est vrai ; on n'invente pas ces choses-là. » C'est ainsi qu'il sauvera l'exagération de l'éloquence et de la poésie ; que la vérité de la nature couvrira le prestige de l'art. »
Cette vérité du conte, Diderot y parvient en évoquant sur le ton familier de la conversation des anecdotes et des figures le plus souvent réelles. Du monde parisien de Mystification à la province des Deux Amis de Bourbonne, sa curiosité, sa volonté d'interroger la société et les moeurs ne laissent de côté aucun des grands débats du temps : l'athéisme (Entretien d'un philosophe avec la maréchale de *** ), les lois et l'injustice sociale (Entretien d'un père avec ses enfants), la morale et les relations entre les sexes, enfin, avec Ceci n'est pas un conte, Madame de la Carlière et le célèbre Supplément au Voyage de Bougainville.
C'est dans les années 1768-1772 que l'auteur du Neveu de Rameau et de Jacques le Fataliste donne à la Correspondance littéraire de son ami Grimm ces contes écrits comme en se jouant, étincelants de drôlerie, d'audace, d'intelligence, qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre du xviiie siècle.
Préface, notes et notices par Béatrice Didier.