Nombreux sont les lecteurs qui gardent au fond d'eux-mêmes le souvenir lumineux de quelques contes d'Andersen qui ont enchanté leur enfance. Peu cependant savent ou se souviennent que ce conteur a laissé une œuvre immense dont les contes ne représentent qu’un sixième.
Andersen se considérait lui-même d’abord et avant tout comme un poète et c’est tout naturellement qu’il avait recours à l’écriture poétique toutes les fois qu’il s’agissait de donner forme à une émotion que le langage ordinaire lui semblait impuissant à exprimer. Il a écrit environ mille poèmes qui constituent comme une voie d’accès privilégiée aux thèmes qui ont nourri son œuvre entière, ses contes, bien sûr, mais aussi ses romans, son théâtre et même sa correspondance. On y trouve, dans un mélange de gravité et d’humour qui n’appartient qu’à lui, l’écho de son amour pour le pays natal, pour la nature et pour les paysages du Nord ou du Sud, mais aussi la trace des grandes interrogations qui n’ont cessé de l’accompagner tout au long de sa vie : le charme et la fragilité de l’enfance, la quête inassouvie d’un amour partagé, Dieu, la fuite irréversible du temps, le mystère de la vie et de la mort, thèmes romantiques par excellence mais qui sont aussi de tous temps et de tous lieux.
Lire Andersen en ses poèmes, c’est donc mieux entendre ses contes et mieux comprendre les hommes. C’est surtout se mettre à l’écoute d’une voix singulière venue du Nord, celle d’un vrai poète, héritier du romantisme mais tourné déjà vers « la poésie de l’avenir » et qui scrute sans relâche ces énigmes que sont la vie et sa propre existence.
Le traducteur
Ancien professeur de philosophie, Michel Forget est spécialiste de Kierkegaard. D’Andersen, il a déjà traduit aux Belles Lettres Voyage à pied et Peer-la-Chance (2005, avec Marc Auchet).