Collection « Classiques » dirigée par Michel Zink et Michel JarretyVictor Hugo
Lorsque Les Orientales paraissent en 1829, le romantisme français s’est déjà tourné vers l’Orient que la guerre d’indépendance grecque a rendu plus présent encore. Mais si Hugo n’est pas ici un précurseur, la nouveauté de son recueil éclate pourtant dans la couleur, l’étrangeté luxuriante des mots, la puissance d’images concrètes et toute la virtuosité du vers. Ainsi se compose la somptueuse image d’un monde désarrimé comme un fantasme, mais un monde ardent et sensuel, plein de désir et d’énergie. Deux ans plus tard, Les Feuilles d’automne sont d’une tonalité tout autre, ouvertes à ce lyrisme intime où Lamartine s’est imposé. Dans cette poésie « de la famille, du foyer domestique, de la vie privée » qui évoque les joies fugaces et les tristesses diffuses, une sorte d’autobiographie s’écrit, mais qui s’ouvre aussi bien à l’identité collective du siècle et à la plénitude du monde sensible. La voix que nous entendons ici, c’est bien celle que Hugo imposera désormais comme la sienne.
Edition présentée et annotée par Franck Laurent.