Lorsque, en 1846, Balzac publie La CousineBette, le roman doit constituer avec Le Cousin Pons le diptyque des Parents pauvres, l’unet l’autre accablés d’injures. Mais à la diffé-rence de Pons, qui sera le vieux musicien plein de cœur, dès l’origine La Cousine Bette devait voir la vieille fille disgraciée se venger de ses douleurs, ce qu’elle fera jusqu’à la ruine des siens.
Le premier projet s’est cependant élargi. Non seulement parce que les amours du baron Hulot vieillissant font de La Cousine Bette un roman érotique, et la dénonciation des affairistes dans le Paris de la monarchie de Juillet un roman de l’argent, mais parce que Balzac, renouvelant ses habitudes narratives pour mieux rivaliser avec les feuilletonistes, écrit là un livre d’action – un livre sombre, aussi, et qui n’écarte ni les ressorts ni les rebondissements du roman noir.