« Songez que je suis née ici, que mon père, ma mère, mon grand-père vivaient ici : j'aime cette maison. Sans la Cerisaie je ne comprends pas ma propre vie et, s'il faut vraiment vendre, qu'on me vende avec le jardin... »
La propriété a beau représenter pour Lioubov son enfance et le souvenir d'une vie de nonchalance, Lopakhine, ancien serf devenu marchand, l'achètera, mais afin d'en abattre les arbres comme si, pour posséder cette Cerisaie de peu de rendement mais qui le relie pourtant lui-même aux temps anciens, il fallait d'abord la détruire parce qu'ici la beauté et la mort ont partie liée.
En 1904, c'est ainsi la fin du monde aristocratique et l'entrée triomphante d'une classe d'entrepreneurs que Tchekhov met en scène jusqu'aux coups de hache qui meurtrissent le silence, quand les acteurs se sont retirés. Et lui-même mourra quelques mois plus tard.