Vers la fin de la Renaissance, on convient que l’infant Dom Carlos, fils du roi d’Espagne Philippe ii, épousera Elisabeth, fille du roi de France Henri ii, et les deux jeunes gens s’en réjouissent. Mais, bientôt devenu veuf, Philippe demande pour lui-même la princesse accordée à son fils. Elisabeth tremble. Dom Carlos est désespéré. Un regard, lors de leur première rencontre, suffit à révéler à chacun la douleur de l’autre, tandis que la cour, observant l’écart entre la jeunesse de la nouvelle reine et la sévérité de Philippe ii, présage que leur union ne sera pas heureuse. Sombre prémonition.
Lorsqu’elle paraît en 1672, Dom Carlos est la première œuvre à s’intituler « nouvelle historique ». L’auteur met bien en scène des personnages réels, mais il prend d’étonnantes libertés avec la vérité de leur histoire, car il veut surtout « pénétrer le secret des cœurs », dévoiler le jeu des passions et le piège des illusions. Et c’est finalement un tableau de la misère de l’homme que cette nouvelle tragique met sous nos yeux : dans une langue classique admirable et parcimonieuse, Saint-Réal nous raconte un drame primitif.
Edition de Laurence Plazenet.