De retour à Combray après son histoire tourmentée avec Albertine, le narrateur de La Recherche est livré à l'amertume et à l'indifférence. Ni le souvenir ni la littérature ne trouvent plus en lui d'écho sensible. Ce n'est que plus tard, à Paris, que le hasard lui procurera une expérience capitale : deux dalles disjointes sous ses pieds, le tintement d'une cuiller, ranimant en lui le souvenir et sa félicité propre, vont lui faire découvrir comment l'oeuvre d'art - celle que le romancier achève au moment où le narrateur la commence - nous donne seule accès à "la vraie vie".
Voyez-vous cet homme seul, luttant pied à Pied jusqu'à la mort contre le flot montant des souvenirs... Il est mort de ce travail insensé; il est mort, peut-être sans Dieu dont l'amour l'en eût détourné... A nous, ses frères plus jeunes qui l'avons admiré et aimé, voilà la Won terrible qu'il nous laisse: l'art n'est pas une plaisanterie; il y va de la vie et il y va de bien plus.
François Mauriac.