Même en dehors de Sylvie, il y a chez Nerval une infusion omniprésente du souvenir, une chanson du temps passé qui s’envole et qui se dévide à partir des rappels même les plus ténus de naguère comme de jadis, et que je ne vois à aucun autre écrivain. Ce n’est pas une résurrection quasi hallucinatoire du passé, comme il arrive aux meilleurs moments de Proust, tout proches parfois de l’illusion de la fausse reconnaissance, c’est plutôt, évoqué dans sa prose par quelque sortilège, le contact d’aveugle qu’on éprouve en retrou-vant la maison et le jardin de son enfance. Comme si ce monde révolu était le seul endroit où, instinctivement, infailliblement Nerval s’y retrouve, et nous en convainc immédiatement.
Julien Gracq.
Un tel monde révolu est ce qui définit au plus près les œuvres ici réunies où se retrouvent à la fois le « rêveur en prose » et le poète des Odelettes et des Chimères. Les Petits châteauxde Bohême recomposent les âges de Nerval ; les Promenades et Souvenirs ne séparent pas le passé des lieux que l’écrivain traversa. Quant aux Filles du Feu, c’est sous le titre Amours perdues qu’il songea un moment à les publier. Comme souvent chez Nerval, ces différentes œuvres ne cessent pas d’être une quête.
Présentation et notes par Michel Brix.
Ce volume contient :
Petits châteaux de Bohême - Les Filles du Feu : Angélique / Sylvie / Jemmy Octavie / Isis / Corilla / Emilie - Les Chimères - Promenades et Souvenirs.