Voici un livre qui rassemble l’œuvre poétique d’une adolescence, c’est-à-dire, selon le sens romain, de cette première période de la vie qui, de la fin de l’enfance, conduit jusque vers trente ans. Dans leur diversité de formes, de styles et de thèmes – la politique, la religion et l’amour –, les poèmes de Marot, bien souvent dictés par les circonstances, ne rompent pas entièrement avec ceux de ses prédécesseurs, mais se défont des cérémonies d’un langage codé pour faire retentir un timbre plus personnel. Le discours et la vie sont indissociables : désormais, il s’agit moins d’écrire que de parler.
Les qualités qui s’affirment dans ce recueil publié en 1532, les contemporains ne s’y sont pas trompés, et ils y ont vu celles d’un maître. Puis il est arrivé que la facilité, la grâce, et le badinage élégant qu’on lui reconnaissait se trouvent minorés et que son œuvre soit insensiblement réduite au trop simple exercice de ce qu’allait plus hautement accomplir la Pléiade. Ne confondons cependant pas naturel et simplicité, et restons fidèles à Marot en le lisant pour lui-même et pour le plaisir de cette conversation qu’il nous propose.