Joyau de la littérature d’oc médiévale déclinante, le récit de Flamenca a été lu tantôt comme un roman historique, tantôt comme un art d’aimer, tantôt comme la préfiguration du roman psychologique. Large amplification narrative des castia gilos (châtiments de jaloux) antérieurs, l’œuvre analyse les tortures qu’endure et fait endurer à son entourage un mari injustement jaloux, qui, en séquestrant sa femme dans une tour, met en place, à son insu, toutes les conditions propices à l’avènement de ce qu’il redoute. Cette intrigue, qui accorde une place inédite à l’introspection et se nourrit plus subtilement d’une vaste culture littéraire qu’elle renouvelle en la prêtant à ses personnage, est aussi prétexte à une mise en scène de la connaissance des lettres : nœud de la relation amoureuse, essentiel à la courtoisie et à la formation de l’individu, l’amour des lettres participe pleinement de la valeur intrinsèque des êtres en devenir, confrontés à leur destinée.
Collection dirigée par Michel Zink. Texte édité par François Zufferey et traduit par Valérie Fasseur.