Si, de nouveau, la mode est aux conteurs, le moment est venu de redécouvrir le premier d’entre eux, Giovanni Boccace, qui doit peut-être au millésime de sa naissance – 1313 ! – l’une des plus éclatantes fortunes littéraires de tous les temps. Composé vers 1350, traduit dans l’Europe entière, imité, voire pillé, pendant des siècles, son Décaméron eut une postérité aussi prestigieuse qu’innombrable, de Chaucer à La Fontaine, de Molière à Potocki.
Fuyant la peste qui décime Florence en 1348, sept jeunes filles et trois jeunes gens trouvent refuge dans une somptueuse villa toscane. Pendant dix jours, ponctués de concerts, de fêtes et de banquets, chacun s’efforcera de divertir quotidiennement les autres par l’invention d’un conte. Ni l’émotion ni le tragique ne sont absents de ces cent récits, mais la tonalité d’ensemble, on le sait, est plutôt la galanterie, une galanterie prompte, naturelle, expéditive, peu portée en tout cas aux longs soupirs.
« Qui voudrait réduire Boccace à la même pudeur que Virgile ne ferait assurément rien qui vaille et pécherait contre les bienséances en prenant à tâche de les observer », remarque La Fontaine.
Complète, fidèle, précise, la présente traduction s’est conformée à ce sage conseil.
Traduction nouvelle de Marthe Dozon, Catherine Guimbard, Marc Scialom, sous la direction de Christian Bec.