Les mémoires de Casanova ne sont pas seulement, comme on le croit trop souvent, le catalogue de ses conquêtes, fussent-elles évoquées avec verve. Leur auteur, certes, est un aventurier, mais c’est également un homme cultivé et brillant qui parle latin et a fait paraître d’autres livres, et puis surtout un véritable Européen qui parcourt tout le continent de Venise à Moscou, de Paris à Naples ou de Londres à Constantinople, toujours guidé par ses désirs et ses plaisirs, le goût du jeu, de l’opéra et de la danse. Casanova a soixante-quatre ans lorsqu’il entreprend de rédiger ses mémoires en 1789 et si le récit de ses succès féminins lui permet de les revivre et d’en éprouver une seconde fois la jouissance, il y retrouve aussi la douceur d’un passé que la Révolution vient d’abolir. Quant à nous, ce que nous découvrons dans l’évocation enjouée de ses conquêtes mais aussi de ses aventures et mésaventures, de ses démêlés avec les autorités et de ses rencontres avec les grands, c’est toute la séduction d’un témoignage vivant sur une certaine Europe où les élites parlaient français.
Collection Classiques dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety. Édition de Jean Marie Goulemot.