Platon avait 20 ans lorsqu'il fit la rencontre de Socrate : sa vie autant que la philosophie, en furent bouleversées. Fils de bonne famille, fin rhéteur et bon gymnase, Platon était tout destiné à la politique qu’il abandonna pour suivre son maître : la cité avait perdu un dirigeant et gagné un philosophe. La tentation politique est d’ailleurs loin d’être absente des préoccupations de Platon, comme en témoigne, outre La République, ses voyages auprès du tyran de Sicile, Denys de Syracuse. A la mort de Socrate, le philosophe devient écrivain : à partir de cette époque Platon se met à écrire, d’abord pour mettre en scène les paroles de son mentor. Dans ces premiers écrits, Socrate est tour à tour confronté au sophiste Hippias, auquel il apprend que la plus précieuse des connaissances est de ne rien savoir, au bel Alcibiade à qui est commenté le fameux « connais-toi toi-même » inscrit sur le fronton du temple de Delphes, au prêtre Euthyphron, et surtout, dans l’Apologie de Socrate, à Mélitos et Anytos, les accusateurs qui le firent condamner. Ces dialogues de jeunesse évoquent avec vivacité et nostalgie le maître tant admiré et qui vient de disparaître. Ce volume, qui regroupe, Hippias Mineur, Alcibiade, Euthyphron, l’Apologie de Socrate, Criton et Euthyphron ouvre notre édition des Œuvres Complètes de Platon. En guise d’introduction, il contient une riche biographie de Platon, accompagnée d’une d'une histoire de la tradition manuscrite ainsi que d’un classement des dialogues. Chaque texte est précédé d’une notice qui lui est propre. Celle-ci présente le contexte philosophique, historique et politique, tandis que les personnages, fictifs ou réels, font l’objet d’une attention particulière, à commencer par Socrate dont la vie est relatée dans la notice de l’Apologie. Outre ces éclaircissements, de judicieuses pistes de réflexion sont proposées, tant littéraires que philosophiques. L’ouvrage est enfin enrichi de notes qui accompagnent la lecture. Texte établi et traduit par Maurice Croiset.