« Protagoras est arrivé » : c'est par cette « bonne » nouvelle que le jeune Hippocrate tambourine à la porte de Socrate, que débute l'un des plus fameux dialogue de Platon. Il n’en faut pas plus à Socrate pour conduire son disciple à la rencontre du sophiste, il n’en faut pas davantage à Platon pour introduire son lecteur dans un tableau pittoresque de l’Athènes intellectuelle de son époque. Chez Callias se retrouvent, et s’opposent, les « philosophes », groupés derrière Socrate et les « sophistes » réunis autour du célèbre Protagoras. C’est l’occasion pour Platon de réaliser une truculente galerie de portraits et de laisser libre cours à sa verve comique. Entre les distinctions subtiles d’un Prodicos et l’emphase ridicule de Hippias, les sophistes sont les proies de l’ironie socratique, à l’exception de Protagoras : derrière la parodie du milieu des sophistes se cache une opposition de fond entre l’idéalisme platonicien et le relativisme de Protagoras.
Notre édition des Œuvres Complètes de Platon a choisi d’isoler ce chef d’œuvre qu’est le Protagoras. A la fois léger et profond, Platon fait ici culminer l’art du dialogue. L’introduction présente les sophistes, dont nous ne savons malheureusement que peu de choses, en insistant sur Protagoras. Les informations historiques concernant le sophiste d’Abdère sont relatées brièvement et complétées par quelques points de repères théoriques des plus précieux. Le mythe de Prométhée, raconté par Protagoras fait l’objet d’un commentaire rigoureux, tandis que l’histoire de la tradition manuscrite est relatée de manière succincte. L’ouvrage est en outre assorti de notes qui accompagnent et éclairent la lecture.