L'ouvrage que la tradition médiévale attribuait à Aristote et qui nous a été transmis sous le nom de Rhétorique à Alexandre constitue un précieux témoignage sur la plus ancienne tradition oratoire grecque. L'étude du texte permet d'y déceler l'influence de la sophistique, perceptible dans l'amoralisme d'une pratique rhétorique visant à persuader à tout prix. Le traité laisse aussi transparaître la pensée d'Isocrate. Cet aspect a permis aux spécialistes de le situer avant la Rhétorique d'Aristote, vers la fin de la production des orateurs attiques. Par comparaison, la Rhétorique à Alexandre permet de mieux comprendre l'apport d'Aristote à la théorisation de l'éloquence. Là où Aristote décrit une rhétorique idéale fondée sur la rationalisation de la persuasion, la Rhétorique à Alexandre ne comporte pas de considérations théoriques générales. Ce dernier point laisse transparaître le pragmatisme d'un rhéteur professionnel ainsi que le relativisme sceptique des anciens sophistes. Le traité comprend trois parties : la première expose des définitions et des divisions du discours en différents genres et espèces. La seconde partie traite des moyens de persuasion. La dernière partie est quant à elle consacrée à l'organisation du discours.
L'édition de la Rhétorique à Alexandre dans Collection des Universités de France comprend le texte grec établi et traduit par Pierre Chiron. Le traité est précédé d'une longue introduction dans laquelle est présenté l'ouvrage. Sont évoqués dans cette présentation les questions de la datation et de l'attribution du texte, ses relations avec l'ancienne Rhétorique et sa tradition manuscrite. L'ouvrage est enfin enrichi de notes ainsi que de deux index, l'un consacré aux personnes et l'autre aux noms.