La naissance de la science moderne a profondément déstabilisé l'équilibre multi-séculaire de la pensée occidentale. L'alliance fructueuse entre la réflexion grecque et la tradition chrétienne se trouvait tout à coup rompue. Certains grands esprits ont refusé d'en rester à ce constat de divorce. Ils ont tenté une oeuvre de réconciliation fondée sur la certitude que la science ne pouvait être le dernier mot de la sagesse. Ainsi est apparu ce qu'on appellera au XIXe siècle la Naturphilosophie.
Antoine Faivre, directeur d'études à l'EPHE et spécialiste de l'ésotérisme en Occident, a voulu donner de ce courant de pensée une image renouvelée. Convaincus que « la Nature n'est pas une déesse », selon la formule de Descartes, mais bien le « chiffre » de Dieu, les auteurs importants de cette école, Tinger, Baader, et d'autres penseurs inspirés par Boehme et Paracelse, vont se livrer a un décryptage de la présence de Dieu dans la Nature et dans l'homme, développer un système de correspondances qui influencera les philosophes, les poètes romantiques et, jusqu'à nous, Jung ou Abellio.
À travers cette étude de la physique sacrée et de la théosophie, c'est toute une face de la modernité, cachée et marginalisée par des philosophes tels Kant ou Hegel, qu'Antoine Faivre réévalue à l'heure ou émergent de nouvelles spiritualités, tandis que la rationalité connaît une crise sans précédent.