Depuis que les exploits de la biologie génétique ont offert à l’homme moderne les moyens d’infléchir son destin – manipulations, diagnostic prénatal, clonage, etc. –, deux attitudes, d’ordinaire, se font face : d’un côté, des « comités d’éthique », traditionnellement frileux, voire conservateurs, qui tentent de « moraliser » les sciences du vivant ; de l’autre, des docteurs Folamour tout disposés à s’aventurer, à travers le corps humain, vers des expérimentations déraisonnables. C’est pour dénoncer la vanité de cet affrontement, et pour en questionner le socle métaphysique, que Michel Onfray a choisi, avec ce livre, de jeter les bases d’une véritable « bio-éthique libertaire » qui ne manquera pas de séduire – ou de provoquer. De la transgénèse au « sperme numérique », de l’éloge subtil du clonage à une défense paradoxale de l’euthanasie ou à une attaque en règle des soins palliatifs, d’une réactivation des thèses antiques sur le suicide à une célébration de la chirurgie de la greffe, ce livre définit ainsi un « corps faustien » : déchristianisé, donc post-chrétien, ouvragé par l’artifice, libre et structuré par une énergie vitaliste. Avec ces Féeries anatomiques, Michel Onfray, philosophe résolument « technophile », soutient que la technoscience n’est pas une catastrophe en soi. Il y développe sa critique radicale des visions idéalistes de la chair. Et son parti pris, iconoclaste mais argumenté, en faveur d’une éthique passionnément hédoniste lance un débat promis au tumulte.