Deleuze, d'Alberto Gualandi: Gilles Deleuze (1925-1995), est une des figures les plus controversées et les plus séduisantes de la philosophie contemporaine. Sa pensée, synonyme pour beaucoup de l'événement-Mai 68, semble avoir été oubliée par les milieux philosophiques institutionnels. Génie rusé ou innocent tricheur: à quoi tient la singularité de ce penseur excentrique?
Ce livre essaye de répondre à cette question en soutenant que l’inactualité et le décalage de Deleuze sont une conséquence de sa conception de l’être immanent, de son désir de coupler de façon systématique une philosophie "égalitaire" de la Pensée-Culture à une philosophie “univoque” de l’être-Nature.
Dans cette perspective, les concepts deleuziens (intensité, synthèses, séries, corps-sans-organe, pli, réseau, rhizome, éternel revenir de la différence, etc.) sont éclaircis et rattachés, dans leur nouveauté, à la grande tradition philosophique occidentale.
Apparaît alors une image presque classique de l’auteur de
Différence et répétition, L’anti-Oedipe, Nietzsche et la philosophie et Spinoza et le problème de l’expression.
Foucault, de Pierre Billouet: Michel Foucault (1926-1984), philosophe paradoxal, professeur au Collège de France, militant politique et activiste social, a choqué un monde mal remis de la “mort de Dieu” en lui annonçant la mort prochaine de l’homme: l’“homme” n’est qu’un effet de discours (Les Mots et les Choses, 1966) et d’assujettissement disciplinaire (Surveiller et punir, 1975).
Foucault l’archéologue s’est d’abord intéressé non aux “surfaces” mais aux “profondeurs” des domaines de savoir: là où s’opèrent les ruptures qui font que, sous des homonymes, les époques pensent en fait des objets différents. Ainsi a-t-il donné une
Histoire de la Folie, une histoire du regard médical,
Naissance de la clinique, et une histoire de la discipline,
Surveiller et punir. Dans son
Histoire de la sexualité (1976, 1984), Foucault a abandonné la méthode archéologique et cherché à définir une “esthétique de l’existence” en relisant les Anciens.
Cet essai examine les différentes perspectives que Foucault a données de son “œuvre” et montre comment sa propre lecture de Kant lui a interdit de rester “nietzschéen”...
Lacan, d'Alain Vanier: Jacques Lacan (1901-1981) était-il un des grands penseurs de notre époque, lui qui considérait la pensée comme une maladie? Un gourou, entraînant à sa suite une jeunesse fascinée? Un charlatan usant de façon illicite des énoncés de la science, manipulant de façon peu académique la tradition philosophique? Un surréaliste égaré dans la pensée sérieuse? Une figure déroutante, assurément, n’occupant jamais la place à laquelle on voulait l’assigner. “Celui qui a lu Freud”, disait-il de lui, et qui a ainsi, incontestablement, réinventé la psychanalyse. On ne trouvera pas ici une explication du personnage Lacan mais une présentation de ses concepts majeurs – Réel-Symbolique-Imaginaire, stade du miroir, sujet, signifiant, Autre, objet a, trait unaire, phallus, Nom-du-Père, mathème, nœud borroméen, etc. – avec lesquels il a dérouté et entraîné sur des chemins ignorés – qui n’appartenaient pourtant qu’à ceux qui le suivaient: tâche du psychanalyste que Lacan a incarné sans concession.