Épicure (342-341? / 270 av. J.-C.), fondateur du Jardin, n'a pas toujours eu bonne réputation: on a longtemps reproché à sa doctrine d'être scandaleuse, athée, de dédaigner les règles logiques les plus élémentaires pour céder à la facilité d'un appel au plaisir sans nuance à ses disciples, les « pourceaux d'Épicure », d'être des libertins, plus préoccupés de leur table et de leur lit que de l'élévation de leur âme...
De cette réputation, Épicure lui-même, qui a voulu simplifier ses thèses physiques, éthiques et logiques complexes pour en faire une doctrine populaire, facile à comprendre et à retenir, est responsable en partie — ce qui n'a pas retenu Gassendi, Marx et Nietzsche de le lire et de le louer.
Que comprendre, attendre, apprendre aujourd'hui de la philosophie du Jardin, aux préoccupations proches des nôtres? Peut-on penser l'esprit comme un organe? Quelle est l'origine de la volonté? Comment se prémunir contre la superstition religieuse? Qu'est-ce qui, une fois éliminée la croyance en une providence divine ou en un ordre surnaturel des choses, structure
nature et
sociétés humaines dès l'origine?
L'ouvrage présente d'abord le paysage intellectuel dans lequel à éclos l'épicurisme, puis aborde les questions principales que soulève cette philosophie: qu'est-ce que le mal, et comment s'y soustraire? Qu'appelons-nous la nature? Comment pouvons-nous la connaître? Onespère ainsi souligner l'importance et l'actualité de cette doctrine matérialiste, dont nous sommes loin d'avoir épuisé les possibilités conceptuelles.