Flavius Josèphe (37-c. 97), né Joseph ben Matthias, aristocrate, docteur de la Loi, chef de guerre et historien – il est l'un des pères de l'histoire juive – doit à un "hasard", le succès du christianisme, d'être passé à la postérité.
Les Juifs l'ont ignoré pendant des siècles pour être passé du côté des Romains pendant la guerre de Judée. Pour les Romains, ses Œuvres relataient un évènement mineur. La prise de Jérusalem ? La destruction du temple ? L'exil des Juifs ? Ue péripétie dans l'histoire de l'Empire. Deux passages douteux des Antiquités Judaïques ont fait, dès le IIIe siècle, la renommée de Josèphe dans le monde chrétien en expansion : ils semblent témoigner de l'historicité de Jésus...
L'Œuvre de Josèphe mérite d'être éprouvée pour elle-même. Elle témoigne, certes, mais d'une difficulté éminente : à mettre en mots un évènement quand il est traumatique, à faire Histoire (c'est-à-dire récit ordonné selon une causalité recevable) d'un évènement quand il brûle encore.
On essaie ici, à partir de La Guerre des juifs, des Antiquités Judaïques, du Contre Apion et de l'Autobiographie, de mettre en évidence la conception que Josèphe a de l'Histoire, de ce qui la meut, de ce qui s'y déploie.
Pour finir, on suit sa fortune renouvelée dans le siècle qui voit la (re)naissance traumatique de l'état d'Israël : héros de roman, soutien de l'immaginaire nationaliste, mais aussi historien reconnu.