Emmanuel Kant (1724-1804), le philosophe des Lumières, de la raison, de l'universel et de la liberté, le solitaire de Königsberg (Prusse), a révolutionné durablement la philosophie en lui donnant un tour critique.
Le geste critique consiste à diriger l'attention non pas sur les objets de la connaissance mais sur les conditions de leur constitution, ce à quoi Kant s'est employé méthodiquement dans la Critique de la raison pure (1781-87), la Critique de la raison pratique (1788) et la Critique de la faculté de juger (1790).
Philosopher, pour lui, ce n’est pas parvenir à une nouvelle définition du savoir, du juste ou du beau, mais s’interroger sur ce qui nous permet de parler du savoir, du juste ou du beau. Comment pouvons-nous penser ce que nous pensons ? Quelles sont les règles que nous suivons dans nos jugements et nos actions, et dans quelle mesure sont-elles légitimes ? C’est ce mode de questionnement qui autorise Kant à se réclamer de Socrate quand il évalue les discours et pratiques de son temps.
Cet ouvrage se propose d’introduire à la cohérence mais aussi à l’actualité de la pensée de Kant, en exposant la signification de l’entreprise critique: revenant sur les conditions de l’activité philosophique, Kant découvre l’importance du jugement, de la réflexion et du sentiment. Il replace l’exercice de la raison dans la perspective concrète d’un sujet de sentiment, libre et sensible à la fois. On montre comment, à partir de là, il élabore une nouvelle conception de la subjectivité – legs de la philosophie kantienne à la pensée contemporaine.