« Le monde te prend tel que tu te donnes » : cette affirmation de Nietzsche adolescent traduit parfaitement l'esprit de ces premiers textes. Les écrits de jeunesse de Nietzsche - essais, poèmes, journal intime - occupent environ un millier de pages, jusqu'alors inédites en français. Ce livre en propose l'essentiel, en particulier d'importants textes autobiographiques datés des années 1858 à 1864, soit de sa quatorzième à sa vingtième année, avant qu'il n'entreprenne des travaux philologiques. L'importance de ces souvenirs est manifeste si l'on songe à quel point la question de l'évolution a suivi Nietzsche tout au long de sa vie. L'homme est la somme de ses métamorphoses : cette pensée obsédante qui ne cessera de préoccuper le philosophe est présente dès le début. la mort du père surtout marque de son empreinte indélébile la pensée du jeune Nietzsche - plus tard ce seront celles de Dieu et de Wagner. Mais ce sont aussi Hölderlin, la musique, l'amitié, qui sont convoqués dans ces premiers écrits, comme autant de thèmes préfigurant les variations à venir. « Me blesse qui m'éveille », affirme Brünnhilde dans La Tétralogie. L'éveil douloureux de Nietzsche à la vie est entier dans ces pages.