Il me semble que quelqu'un qui lit Le Banquet pour la première fois, s'il n'est pas obnubilé par le fait que c'est un texte d'une tradition respectée, ne peut pas manquer d'éprouver le sentiment qu'expriment à peu près ces mots - être soufflé. Je dirai plus - s'il a un peu d'imagination historique, il doit se demander comment une pareille chose a pu être conservée à travers ce que j'appellerai volontiers les générations de moines et de grimauds, tous gens dont il ne me semble pas qu'ils étaient par destination faits pour nous transmettre un texte dont il ne peut manquer de nous frapper que par une de ses parties au moins, par sa fin, il se rattache plutôt, pourquoi ne pas le dire, à ce que l'on appelle de nos jours une littérature spéciale, celle qui peut tomber sous le coup des perquisitions de la police.
Jacques Lacan.
Le Banquet est l'un des textes les plus célèbres de Platon, dont l'influence s'exercera durablement sur la réflexion occidentale. Rédigé aux alentours de 380 av. J.-C., il met en scène plusieurs interlocuteurs. Sujet du débat : l'amour. Thèses et conceptions s'affrontent, jusqu'à finalement délimiter l'espace même à partir duquel la chose amoureuse sera désormais pensée. Une fois de plus, Platon se révèle aux sources de nos manières de voir et de concevoir le monde. Lire Le Banquet pour s'initier à ce qu'aimer veut dire.
Traduction de Philippe Jaccottet.
Introduction de Monique Trédé.