« – Par conséquent, celui qui se trompe accomplit des actes honteux et injustes de son plein gré, celui-là, Hippias, si toutefois il existe quelqu’un qui soit tel, ne saurait être que l’homme de bien. – Il ne m’est pas possible de t’accorder cela, Socrate. – A moi non plus, Hippias. »
Hippias mineur.
« – […] le bien ne sera pas beau ni le beau, bon, puisque chacun est distinct de l’autre […]. – Mais voyons, Socrate, que sont toutes ces choses, selon toi ? Ce sont des raclures, des épluchures de discours, découpées par le menu, comme je le disais tout à l’heure. »
Hippias majeur.
Tête de Turc, Hippias ? De fait, dans les deux dialogues de Platon qui portent son nom, le célèbre sophiste est moqué, et ses convictions les plus solides renversées. Achille, le meilleur des Grecs ? Non, c’est Ulysse, s’il est vrai que le meilleur menteur est aussi le meilleur tout court. Belle, la jeune fille ? Aussi laide qu’un singe en vérité, comparée à la déesse. Et ainsi, de façon étourdissante, Platon n’hésite pas à mettre en scène un Socrate roué comme Ulysse, spirituel comme Aristophane, au nom de la philosophie évidemment. Car, en réalité, c’est aussi bien la thèse du savoir-vertu qui nous est donnée à approfondir sous forme de paradoxe dans l’Hippias mineur, que l’enjeu d’un beau non réductible aux réalités sensibles qui nous est progressivement dévoilé par l’Hippias majeur.