Le sens du toucher s’étend au corps entier qui, en chacune de ses parties, éprouve la sensation de présence ou de résistance ; mais c’est évidemment la main, avec ses doigts flexibles, qui montre l’aptitude supérieure à lier le tact et la prise, à agir en puissance ou en délicatesse. « Cette main est philosophe », notait Valéry, « ce qu’elle touche est réel ».
La main vaque au plaisir, comme elle teste la réalité qui nous entoure, conjuguant sans les confondre les deux principes de la vie psychique. Tantôt elle loue la positivité de l'existence des objets qu'elle perçoit, tantôt elle tire jouissance d’être touchée en touchant, de profiter d’une espèce d’alliance énigmatique, éprouvée en partenariat avec un autre être, entre altérité et intimité.
Le présent livre propose une phénoménologie du toucher, prolongée par l’examen des destins de la touche, selon qu’elle agit dans le dessin, la peinture et l’écriture, dont sont ici retracées les évolutions matérielles et technologiques.