À l'amour et au « Je t'aime » – qui réduit l'autre à n'être qu'un objet et fait de la passion un événement qui s'usera –, François Jullien entend substituer, dans ce livre, l'intime. Qu'est-ce à dire? Que l'intime, précisément, abolit la frontière entre l'autre et soi. Qu'il fait basculer un dehors indifférent dans un dedans partagé. Qu'il vit des « riens » du quotidien, en y découvrant les vertus de l'être auprès. Telle est sa façon – via saint Augustin, Rousseau et Stendhal – de se débarrasser de l'éternel du « cœur » humain. Comment l'Europe s'y est-elle prise pour transporter cet intime de Dieu à l'humain ? Et peut-on – doit-on – fonder une morale sur ce sol ?