Ce colloque mémorable a réuni à Cerisy, en juin 1981, des anthropologues, biologistes, physiciens, philosophes, qui ont construit ensemble une pensée neuve au carrefour des sciences et des « humanités ». Le titre, L’auto-organisation : de la physique au politique, indique le projet de mettre en évidence les « résonances » entre les théories alors en gestation en biologie, en physique ou dans les sciences de l’artificiel, et les modèles de l’auto-organisation du social.
Les théories de l’auto-organisation s’articulent autour de trois concepts : le chaos déterministe et la complémentarité paradoxale de l’ordre et du désordre ; l’autonomie et la capacité d’une organisation de s’instituer elle-même ; la question du sens, qui reprend toute sa place au sein des sciences. Ces questions en induisent une quatrième : celle de l’unité retrouvée du savoir.
D’avoir été en 1981 d’une forte actualité politique et sociale et d’une relative marginalité scientifique, la situation quarante ans plus tard s’est en quelque sorte inversée. Alors que l’auto-organisation est partout dans les sciences, mais a disparu de la réflexion sociale et idéologique (terrorisme, migrants, laïcité, intelligence artificielle, climat, pandémie…), cet ouvrage donne à penser et à repenser, dans un contexte radicalement différent, les questions essentielles du monde contemporain.