Les conceptions que les chercheurs, les décideurs et le grand public se font des sciences datent au mieux d'une cinquantaine d'années, au pire de deux siècles. Alors que les crises écologiques ont mis les activités scientifiques et les innovations techniques au cœur des débats contemporains, nous continuons à les penser comme au temps de la lutte contre l'obscurantisme ou de la modernisation triomphante. Ce décalage empêche de réagir devant les imbroglios de politiques, de droit, de science et de technique dans lesquels nous sommes emmêlés.
On accuse souvent la nouvelle anthropologie des sciences et des techniques d'être " relativiste " et de mettre en péril, avec l'objectivité, aussi bien la paix civile que la morale. De la forêt amazonienne aux laboratoires de Pasteur et de Joliot, sans oublier l'agora de Socrate, Bruno Latour montre qu'il est indispensable d'offrir enfin une vision réaliste des sciences. Finalement, c'est toute la Constitution moderne qu'il faut peu à peu refaire.
La science est une chose trop importante pour être laissée aux seuls savants.