De récents travaux ont éclairé sans équivoque aucune l'adhésion de Martin Heidegger au totalitarisme hitlérien. Georges-Arthur Goldschmidt, traducteur de Kafka et de Nietzsche, reprend la question par un biais plus personnel, dans les pas de Victor Klemeperer, l'auteur de la Lingua Tertii Imperrii (1947).
" Gefolgschaft ", " Einsatz ", " Ereignis " : autant de termes appartenant à la fois au vocabulaire nazi et au système philosophique heideggerien. L'appropriation d'un tel langage n'a rien d'opportuniste ou d'occasionnel, mais marque un engagement profond. Cet ouvrage rare et décisif restitue au lecteur français le champ lexical allemand contemporain d'Heidegger. Il dévoile les implications politiques d'une terminologie qui, en passant dans la traduction d'une langue à l'autre, lui échappent souvent. Une telle contamination constitue symboliquement l'un des événements les plus importants du XXe siècle philosophique, dont on ne finira pas de mesurer la portée et les conséquences.