De Gaston Bachelard et Ludwik Fleck en France et en Allemage à Thomas Kuhn aux États-Unis, en passant par Edmund Husserl et Martin Heidegger ou Alexandre Koyré, et jusqu'au tournant anthropologique des années 1980, un tour d'horizon des XIXe et XXe siècles et de la réflexion sur les sciences, toujours plus complexe et motivée par une approche sociohistorique.
Si le XIXe siècle a connu, dans la philosophie des sciences, l'ascension du positivisme, le XXe siècle a commencé par une crise de la pensée positiviste sans qu'une solution ou même une alternative se soient dessinées à l'horizon. Cette crise a donné lieu à une réflexion complexe sur les sciences, motivée par une approche sociohistorique. Consistant initialement à historiciser la philosophie des sciences, elle a abouti au développement de diverses formes d'épistémologie historique. Ce mouvement, qui s'est déployé tout au long du XXe siècle, est à situer dans le contexte de la dynamique des sciences et des évolutions sociales et culturelles de cette période.
Cette introduction présente les positions les plus notables qui ont marqué ce procès d'historicisation de l'épistémologie. Elle parcourt ce mouvement, de ses premiers développements, en France et en Allemagne au XIXe siècle, à ses plus récentes formulations. Ce tour d'horizon offre une synthèse précise et claire d'un espace de réflexion qui n'a cessé de se diversifier, et qui, par sa pluralité, continue de fournir des outils conceptuels essentiels pour penser la science et son histoire.