Il y a trois siècles s'éteignait un moine qui fut l'un des fondateurs de la science historique française et qui joua un rôle éminent dans la chaîne de transmission du savoir historique entre Moyen Âge et modernité : dom Mabillon (1632-1707). L'amour de la vérité, qu'il cherchait avec coeur et raison, fut la passion de sa vie.
Louis XIV avait appelé ce fils d'humbles paysans champenois " l'homme le plus savant de son royaume ". Membre de la congrégation de Saint-Maur, il a passé près de cinquante ans à l'abbaye bénédictine de Saint-Germain-des-Prés, centre intellectuel d'une incroyable fécondité qui rayonnait dans toute l'Europe et asile de stricte observance monastique. L'étude dévorait les jours et les nuits de cet acteur majeur du renouveau bénédictin. Dom Mabillon fut admis au premier rang des citoyens de la république des lettres, qui voulaient dépasser les frontières politiques et religieuses pour partager les recherches savantes. Épistolier d'une puissance exceptionnelle (sa querelle sur l'étude, avec Rancé, est restée fameuse), grand voyageur (il se mettait en route, parfois à cheval, souvent à pied, pour conduire des enquêtes aux sources mêmes de sa documentation), mêlant avec un certain bonheur le pèlerinage et l'enquête scientifique, il reste dans notre histoire intellectuelle une figure majeure, saluée par Montalembert, Guizot ou Marc Bloch.
Les cendres de Mabillon, unies à celles de Descartes, ont été déposées dans une tombe scellée dans un mur de l'église Saint-Germain-des-Prés. Le visiteur peut lire son épitaphe sur une plaque de marbre noir, située dans la deuxième chapelle absidiale.