Initiateur avec Habermas de ce que l'on appelle l'éthique de la discussion, Apel a réuni dans son dernier recueil " Discussion et responsabilité ", qui paraîtra en deux tomes, une somme d'études qui représente sans doute la tentative la plus poussée d'un examen systématique des problèmes éthiques, tant du point de vue de l'histoire de la philosophie moderne et contemporaine, que de celui des réalités contemporaines. Le premier de ces deux tomes – " L'Éthique après Kant " – réunit donc les études qui font le point sur les conditions de possibilité d'une éthique universaliste moderne. De Kant à Rawls, de Hegel aux éthiques contemporaines de la " vie bonne ", la difficulté a continuellement résidé dans la possibilité de construire un lien légitime entre le sujet moral et sa communauté d'appartenance comme si celle-ci faisait écran entre lui et son humanité. Liant les présupposés de la pragmatique transcendantale et les travaux de Lawrence Kohlberg sur les stades de la conscience morale, Apel parvient à élaborer une éthique dont les principes et les procédures formels – ceux de la discussion argumentée – dessinent un universel postconventionnel qui permet de fonder les conditions normatives d'une vie en commun équitable, associant les diverses formes de vie socioculturelles et individuelles – et donc les conditions d'un pluralisme de la réalisation du bonheur, limité par l'universel.