Soumettre à l'analyse phénoménologique la relation d'altérité et découvrir au cœur de celle-ci la " signifiance " de la responsabilité, telle fut la tâche poursuivie et menée à terme par Emmanuel Lévinas (décédé le 25 décembre 1995). En s'inspirant de ses maîtres Husserl et Heidegger, et aussi en s'opposant à eux, Lévinas a mis en question l'ontologie, a proposé un " autre qu'être " de nature éthique, c'est-à-dire une responsabilité illimitée envers Autrui. Son œuvre apparaît comme une parole vocatrice et pro-vocatrice, apte à secouer l'engourdissement de nos esprits par une dénonciation de l'individualisme et du souci de soi. Sa philosophie est la confrontation neuve et combien originale d'un " Je " souverain avec un " Autrui " à figure d'Étranger " de premier venu ", non appropriable par la connaissance, côtoyé non plus dans l'indifférence d'un côte à côte, mais affronté dans la droiture d'un face-à-face. Le présent ouvrage paraît au moment où l'œuvre monumentale de Lévinas est désormais achevée. La première originalité de ce livre est de s'attaquer au noyau dur de la pensée de Lévinas, en abordant les thèmes d'altérité et de responsabilité. Sa seconde originalité réside dans son souci d'offrir une voie d'accès simplifiée pour aborder une œuvre qui ne livre pas facilement sa grande richesse. Le style est clair, le texte parfaitement structuré, le vocabulaire lévinassien et son évolution au fil de l'œuvre sont mis en relief. Les notions philosophiques trop spécialisées sont évitées afin de permettre à des lecteurs moins familiers avec la philosophie d'aborder sans découragement la pensée de Lévinas.