Face aux progrès de la science, quelle est l'importance des considérations philosophiques qui précisent ce qui relève du durable ? Mal placer la frontière, c'est créer des zones de turbulences qui ne profitent à personne. Bien placer la frontière est un art qui relève de la science, du débat, de l'observation de la réalité, des convictions, bref de la prudence au sens d'Aristote. Depuis cinquante ans, les questions liées à la vision de ce qu'est l'être humain, de ses droits dans l'absolu et en situation concrète, se multiplient. Leur fréquence s'accélère avec les progrès de la science : débats sur l'avortement, sur les cellules souches, sur la transplantation, la fécondation in vitro, les manipulations génétiques, l'euthanasie, le suicide assisté, l'acharnement thérapeutique... L'urgence est mauvaise conseillère. Les commissions d'éthique ne donnent qu'un avis souhaitable, utile, mais un avis seulement. Que faire alors ? On est renvoyé impitoyablement à la question du fondement de nos sociétés. Le recours a un jugement transcendant n'est plus accepté comme critère de décision. Seul un débat informé permet de dégager une décision susceptible d'être acceptée par la grande majorité et d'être appliquée par l'autorité politique et judiciaire. [Pascal Couchepin, extrait de la préface] La dignité humaine a pour elle la force de l'évidence. Toutefois, les difficultés commencent dès lors qu'il s'agit d'en thématiser la signification et d'en fournir une explication précise. L'ambition de cet ouvrage –; fruit de fortes collaborations conduites durant deux années entre vingt personnalités du monde universitaire européen (médecins, biologistes, philosophes, etc.) –; est large : il s'agit de prendre un pas d'avance sur le débat éthique qui traverse nos sociétés. Il faut en effet se rendre à l'évidence : toute option morale repose en fin de compte sur une conception de l'homme. -- Given the great scientific progress of recent times, what importance do philosophical considerations of lasting things still retain? If we establish a borderline incorrectly, we create turbulence that does no good to anyone. To place the borderline in the correct position is an art that comes under the category of science, debate, observation of reality, conviction; in short, of prudence as Aristotle used the word. Over the last fifty years, questions linked to our definition of the human being and his rights in absolute and concrete situations have proliferated. Their frequency has increased with scientific progress: debates on abortion, stem cells, transplantations, in vitro fertilization, genetic engineering, euthanasia, assisted suicide, futile medical care... But urgency is a poor advisor. Ethical commissions give useful, desirable advice, but it is still only advice. So what are we to do? We find ourselves back at square one: the question of our society's foundations. Appealing to higher judgement is no longer seen as criteria for decision. Only an educated debate can produce a decision acceptable to the majority and capable of being applied by the political and judicial authorities. [Pascal Couchepin, excerpt from the preface]. Human dignity may indeed be self-evident; yet difficulties arise as soon as we have to thematize its signification and give a precise definition. This book - the fruit of a close collaboration among twenty academics from all over Europe (doctors, biologists, philosophers, etc.) over a two-year period – has an ambitious objective: to take a step ahead in the ethical debate which questions our societies. For we must accept the obvious truth: all our moral options are based on our conception of man.