Entre Aristote et Duns Scot, ou " du lieu des choses à la capitale du temps ". Entre deux supposés " commencements " de la métaphysique, c'est sous cet intitulé que l'on reprend le fil des " Récits de la conquête du temps " qui ont constitué le premier volet de la recherche. À partir d'une histoire du temps, son ambition première était de se confronter à la question d'une archéologie philosophique de la modernité – ou des " modernités " : le pluriel valant " a minima " pour décrochage de sa positivité naïve. Examinant ici la question du " tournant " scotiste dans le contexte du renversement de l'aristotélisme et des genèses heurtées de l'ontologie classique-moderne, on découvrira ce qui, venu de cet autre Moyen Age, nous est encore chroniquement présent. Car Duns Scot, à l'échelle de l'histoire de la philosophie, engage la révolution copernicienne du sujet et de l'objet ; à l'échelle du monde, il fait époque de la disparition du lieu des choses dans un temps potentiel qui va rencontrer avec l'horloge mécanique son objective représentation. Est ainsi conquis un horizon métaphysique conduisant à la " réalisation " de l'identité de l'être et du temps abstraits. Marquant le seuil d'une idéelle modernité, la réalité nouvelle de ce principe d'identité est d'un Nouveau Monde. Ce Nouveau Monde est celui de la Capitale du Temps. " C'est peut-être cette introduction de rythmes profonds dans la pensée, en rapport avec les choses et les sociétés, qui inspire le travail d'Alliez : [...] les choses, les sociétés et les pensées sont prises dans des processus [...] qui deviennent comme les conditions d'une histoire du temps " (Gilles Deleuze, extrait de la préface des " Temps capitaux ", t.1.)