" Au Moyen Age on commentait le Lombard et le livre de ses sentences. Je reprends volontiers le terme "sentences", mon pour m'attarder au "sentencieux" qui rime souvent avec "ennuyeux", mais parce que, dans "sentences", il y a surtout, lorsque cela vous donne à penser au moins un commencement de pensée, le verbe sentir, l'émotion d'un certain sens et, en profondeur, la vibration d'une sensibilité. " " Je commente à mon tour, sans me lier toutefois à la continuité de la lettre qui obligeait le commentateur à suivre pas à pas le cheminement d'un auteur jusqu'au terme de son œuvre. Je prends mes libertés, tout d'abord en détachant de son texte et contexte la "sentence" que j'ai choisie. En la libérant ainsi, j'ai conscience de commettre une faute qu'un historien estimerait mortelle. Ce n'est point que je veuille ignorer l'enchaînement qui la situe dans une totalité, ou que je méprise, pour les joies de l'exégèse errante, la patiente probité d'un certain labeur ou labour. J'ai même une certaine tendresse et tristesse pour les fleurs coupées qui meurent dans un vase. Mais il m'est pas nécessaire de tout dire pour apprendre au lecteur ce qu'il sait déjà ou est supposé savoir. " " Le problème du choix est toujours délicat à résoudre. Il me me fut pas nécessaire de longuement tergiverser avant de me fixer. Je me suis confié à une cordiale mémoire qui, sollicitée par un effort de réminiscence, m'a restitué les textes dont je devrais dire, au risque d'une trop naïve rétrospection, qu'ils ont été, selon un titre de roman aujourd'hui oublié, les "pas qui ont hanté". " " Ces "sentences" furent pour moi des "lieux" ou des "demeures". "