Le Traité 53 a beau être l'avant-dernier que Plotin ait composé, il a été placé par Porphyre en tête des " Ennéades ". Il fait ainsi figure d'introduction à l'œuvre de Plotin en son entier. Comme le " Premier Alcibiade " de Platon, le Traité 53 est régi par le " Connais-toi toi-même " ; mais de ce sujet offert à l'investigation et capable, par un tour réflexif, de se demander qui il est, Plotin ne propose pas tant une définition qu'une situation. " Le nous est double " : sujet non substantiel, il est intermédiaire entre ce qui en lui souffre, aime, désire et jouit – " l'animal ", auquel il tend spontanément à s'identifier – , et ce qui en lui pense, sans désir ni souffrance – l'intellect, en quoi réside son essence mais dont il n'a d'abord pas conscience, une mutation de l'identité. Texte efficace, il vise, page après page, à transformer le sujet qu'il interroge. Le lire, c'est s'engager dans ce mouvement qui conduit des passions à la pensée, de la souffrance à l'impassibilité, de l'animal au divin : c'est se prêter à une initiation.