L'ouvrage de Jean Granier relève le défi qui, lancé par le nihilisme moderne, s'exprime dans la triple proclamation : " mort de Dieu ", " mort de l'homme " et " mort de la philosophie " elle-même. La pensée doit et peut revendiquer une pleine légitimité face aux empiètements de la raison technicienne et aux abdications de la réflexion critique. Cette légitimité s'atteste le plus clairement avec la décision de " reconstruire la métaphysique ", au-delà des contestations développées par l'immoralisme nietzschéen, la critique marxiste des idéologies et le néo-positivisme de la " scientificité ". La métaphysique, dans sa version nouvelle, s'annonce ainsi comme le retour de Dieu dans la pensée et dans la vie humaines. L'athéisme moderne, avec toutes ses variantes habilement grimées, est alors convoqué devant l'instance du moi, qui réclame un fondement transcendant pour étayer sa révolte contre la discordance du monde ; la radicalité de l'échec de l'athéisme manifeste la nécessité urgente de réviser la question de la Valeur, comme celle du Sens et de la Réalité ultime. La pensée la plus forte est ainsi non point celle qui s'acharne à dominer l'immanence, mais celle qui, par la conviction métaphysique, affirme les " affinités électives entre Dieu et le moi ".