" Ce qui se passe, se produit ou arrive et qui présente une certaine importance pour les hommes " : pareille définition, en raison de son manque de rigueur scientifique, ne saurait satisfaire l'auteur de cet ouvrage. Le grand événement y est présenté comme une notion susceptible de faire l'objet d'une approche authentiquement épistémologique. Rejetée du système scientifique de façon tapageuse, hâtive et passionnelle durant la majeure partie du XXe siècle par contagion disciplinaire en dépit du réel tourmenté de cette période, la notion de grand événement a été réhabilitée à la faveur de Mai 1968 et des récentes découvertes des sciences dites exactes, mais avec une certaine confiance voire une certaine honte et sans que l'on en ait tiré toutes les conséquences. L'auteur se prononce en faveur d'une prise en considération affirmée et effective de cette notion intrinsèquement révolutionnaire qui apparaît, à plus d'un titre, comme le trublion de l'ordre scientifique établi. Il se risque même à préconiser la création d'une science transversale dont le grand événement constituerait l'objet. Son approche se situe à la croisée des recherches sur le travail de mémoire et sur le retour du présent qui animent la réflexion de ce changement de siècle et de millénaire. Cette provocation épistémologique interpellera tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont été ou sont confrontés aux grands événements : historiens, journalistes, politologues, diplomates, juristes... acteurs et spectateurs.