Les textes de droit envahissent, aujourd'hui plus que jamais, notre vie quotidienne : des constitutions aux lois, des codes aux règlements, ils prennent une autorité si forte que, dans leur extrême diversité, ils forment une sorte de canevas régulateur tel qu'il existe bien peu de situations ou d'actions humaines qui lui échappent. Devant ce constat, il n'est pas possible de rester indifférent : si la textualité du droit se présente d'abord comme un objet graphique qu'explore la sémiotique, elle s'offre aussi et surtout comme un objet philosophique dont la sémantique a charge –; parmi les termes usités, les symboles, les structures, les accentuations, les constructions syntaxiques, les relations et les opérateurs logiques –; de saisir le sens profond. La recherche philosophique doit être plus exigeante encore : en effet, par leur manifestation, leur organisation, leur signification, les textes font parler le droit. Aussi bien, par-delà l'analytique formelle qui en scrute l'écriture, l'interrogation qui les soumet à une critique transcendantale livre la fondation première et la fin ultime de la juridicité. À la lumière de cette enquête transcendantale, il apparaît que, dans le domaine immense de la production des œuvres de l'esprit, la textualité du droit ne procède pas –; à l'instar du problème scientifique, de l'énigme littéraro-poétique ou du mystère théologique –; de l'irréductibilité d'un type " sui generis " d'écriture ; elle n'est possible et valide que si elle plonge ses racines dans le terreau de la " philosophie première " qui lui apporte ses présuppositions et ses exigences fondamentales. Voilà qui permet de comprendre enfin que le conflit séculaire entre le droit et la philosophie n'a pas lieu d'être. -- Nowadays, more than ever, our daily lives are invaded by legal texts - from constitutions to laws, from codes to regulations - they have taken on such overpowering authority that, in their vast diversity, they form a sort of supervisory framework, to the extent that very few human activities are not, in some respect, subject to them. It is impossible to remain indifferent to this situation: for although the textuality of law initially appears to be a graphic object examined by semiotics, it is also – and above all – a philosophical object whose semantics are taxed with grasping the deeper meaning of its common terms, symbols, structures, accentuations, syntactic constructions, relations and logical connectives. Philosophical research should be even more demanding, for by their manifest character, organisation and meaning, these texts articulate the law. However, beyond the formal analytics that scrutinize writing, the interrogation that subjects them to a transcendental criticism provides jurisdiction's basic premise and ultimate purpose. In the light of this transcendental investigation, it would appear that, in the immense realm of the production of works of the mind, the textuality of law does not proceed from the irreducibility of a 'sui generis' type of writing; it is only possible and valid if it imbeds its roots in the soil of 'First Philosophy', with its presuppositions and basic requirements. Which ultimately enables us to understand why the secular conflict between law and philosophy should not exist.