À quelques exceptions près, la nature n'est plus un concept fondamental de la pensée occidentale depuis l'avènement conjoint, au XVIle siècle, de la science moderne et d'une philosophie pour laquelle le sujet pensant est le point de départ obligé. Mais cette pensée s'avère du même coup marquée par un dualisme dont témoigne aussi le partage entre sciences dites de la nature et de l'homme. Cet ouvrage cherche à ouvrir une voie qui permette de surmonter un tel dualisme en invitant à une relecture d'un certain nombre de textes méconnus des représentants de la pensée herméneutique allemande de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours. Il interroge d'abord la spécificité de la médecine – qui appartient en même temps aux sciences de la nature et de l'homme –, dans la mesure où elle implique une interprétation de ces indices que sont les symptômes pathologiques, c'est-à-dire un art herméneutique. Mais la médecine ne saurait être coupée de la biologie, et certaines de ses figures célèbres comme Uexküll ou Portmann invitent précisément à la penser en termes d'interprétation des expressions vitales. Autrement dit, et comme le suggérait aussi Dilthey, le savoir herméneutique demanderait à être élargi à la connaissance du vivant. Plus problématique, l'élargissement de l'herméneutique à la nature non organique pose la question éthique de notre rapport à la nature qui serait à penser en termes d'adresse. -- Is it still possible today to conceive of a philosophy of nature, which today's society is calling for, but in hermeneutical terms? The hermeneutics of nature would suppose the calling into question of two things: the dividing line between the natural and human sciences; the central place given by the hermeneutics of language to text, and firstly to the concept of the 'indicative sign'. The author, professor of philosophy at the University of Bourgogne, reflects on the three required stages of future reflection.