C'est en prenant clairement position qu'Habermas s'exprime ici au sein de débats qui comptent tant pour le développement de son œuvre que pour la discussion philosophique en général. La conférence sur Ch. S. Peirce permet de rappeler et de discuter les intuitions fondamentales d'une conception sémiotique et pragmatique de la réalité ; le débat avec Husserl est l'occasion d'en découdre une fois encore avec le paradigme de la philosophie de la conscience ; les essais sur Horkheimer réévaluent les enjeux d'une théorie critique aujourd'hui ; une importante digression fait enfin le point – pour la première fois dans l'œuvre d'Habermas – sur les rapports entre la théologie et la théorie de l'agir communicationnel. Ce volume est l'occasion aussi de voir rééditée l'analyse de Habermas sur Heidegger, dont le prétexte fut la controverse suscitée en France par le livre de Farias qui montrait la collusion de l'auteur d' " Être et Temps " avec le nazisme. On n'oubliera pas les brèves et brillantes pages qui situent Wittgenstein, Adorno et Heidegger dans une même constellation philosophique, ni les mises au point plus circonstancielles sur l'état contemporain des sciences humaines en Allemagne.