Benjamin Constant (1767-1830) appartient par sa formation à l'époque des Lumières et par sa carrière au XIXe siècle. Romancier (Adolphe), penseur politique (De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes), ce passeur entre plusieurs cultures (allemande, anglaise et française) a consacré quatre décennies à De la religion, un ouvrage peu commun et d'ample dimension, à l'ambition systématique.
Comment une telle étude peut-elle se concilier avec la théorie du libéralisme politique dont il est l'un des pères ? Cela a-t-il une incidence sur notre conception moderne de la politique conçue comme un monde autonome ? C'est par le biais de cette oeuvre méconnue que Denis Thouard nous invite à redécouvrir Benjamin Constant. À rebours de nos opinions actuelles, la religion est pour Constant, au-delà d'un anticléricalisme déclaré, solidaire de la liberté et fonde la politique.
Combinant Jérusalem avec la Grèce antique, qui offrait l'image d'une religion indépendante de toute prêtrise, il attribue au phénomène religieux une puissance émancipatrice.
Le livre montre comment son apologie politique des droits individuels est étayée par une théorie de la subjectivité religieuse ancrée dans le sentiment.