Gens sérieux s'abstenir s'inscrit dans le même registre que Cette âme perdue (Le Castor Astral, prix Guillaume Apollinaire). Après son hommage à Valery Larbaud, Jean-Claude Pirotte réussit encore à mêler rigueur formelle (où la rime est " nécessaire ") et fantaisie, cette fois en célébrant Léon-Paul Fargue. Le ton de cette poésie, qui s'apparente toujours plus au journal intime, reste d'une originalité qui la rend unique dans la poésie contemporaine francophone.
Ce nouveau " carnet ", alors que l'auteur vit une réelle tragédie personnelle (" Je décède à petit feu ", " la mort qui court à mes basques "), joue avec la métrique et la syntaxe pour imposer une écriture à la fois ludique et philosophique. Cette leçon de courage tend à tordre le cou à la mort elle-même pour lire les montres à l'envers. Un livre vertigineux pour refuser de vieillir définitivement.
Jean-Claude Pirotte, peintre et écrivain, chroniqueur et éditeur, est né à Namur (Belgique) le 20 octobre 1939. Avocat de 1964 à 1975, il est rayé de l'ordre pour un délit qu'il nie avoir commis (aide à la tentative d'évasion d'un de ses clients). Condamné, il s'enfuit en France, en Catalogne et dans le Val d'Aoste. Il mène alors une vie plus ou moins vagabonde jusqu'à la péremption de la peine en 1981, qui lui permet de retourner dans son pays. Dès lors, il peut se consacrer entièrement à l'écriture. Il a publié une cinquantaine de livres, des articles et des préfaces. Peintre, il a aussi illustré différents ouvrages.
Ses derniers livres parus : Cette âme perdue (Le Castor Astral, 2011), Ajoie (La Table Ronde, 2012), Le Très vieux temps (Le temps qu'il fait, 2012), Vaine pâture (Mercure de France, 2013), Brouillard (Le Cherche Midi, 2013).
Il a obtenu le prix Anticonformiste pour Journal moche (Luneau-Ascot), le prix Victor Rossel pour Un été dans la combe (La Table Ronde), le prix Marguerite Duras pour Autres arpents (La Table Ronde), le prix Valery Larbaud pour Ange Vincent (La Table Ronde), le prix des Deux Magots pour son roman Une adolescence en Gueldre (La Table Ronde), le prix Maurice Carême pour Revermont (Le temps qu'il fait), le prix Roger Kowalski - prix de poésie de la Ville de Lyon pour Passage des ombres (La Table Ronde) et le prix Guillaume Apollinaire pour Cette âme perdue (Le Castor Astral). En 2012 et 2013, il a reçu le Grand Prix de l'Académie française et le prix Goncourt de la poésie.