“Poète d’avant la poèsie”, “soufi d’avant le soufisme”, “chantre d’une avant-mémoire”… c’est ainsi que Salah Stétié présente Badr Chaker es-Sayyâb. Celui-ci naît en 1926 à Djaykoûr – village du sud de l’Iraq, traversé par la petite rivière Boaïb qui deviendra, par la grâce du poète, fleuve, fleuve de poésie – et meurt à trente-sept ans. Sa langue est “reconnaissable entre toutes à ce mélange en elle de familiarités calculées et de distances provoquées, jamais naïve, certes, mais jamais torturée non plus ni jamais, en ses obscurités obligées du fait de l’obscurité même du sens, armée contre les transparences du cœur ou les fléchissements, d’une douceur par moments inouïe, de la voix”.