Peu d’auteurs Chinois ont aussi profondément marqué la culture et les arts de l’Extrême-Orient que Tao Yuanming 陶淵明 – alias Tao Qian 陶潛, ou « Maitre Cinq-Saules » –, poète reclus de la fin des Jin de l’Est 東晉 (317-420) et du début des Liu-Song 劉宋 (420-479). Riche de quelque cent-trente poèmes et de plusieurs courtes proses, son œuvre a traversé les siècles avec une fraicheur intacte. Ses lieux et ses emblèmes – la cabane de chaume, le retour chez soi, les jardins et les champs, le vin consolateur, le chrysanthème d’automne, et tant d’autres – devinrent dès la dynastie des Tang (618-907) les éléments d’un répertoire poétique et pictural commun, nourrissant dans son sillage le rêve de quiétude et d’indépendance d’innombrables lettrés de Chine, du Japon et d’ailleurs.
De sa vie, cernée d’ombres, on ne sait finalement que peu de choses, en dehors de ce que le poète nous en livre lui-même ; et ses biographies anciennes, répertoire d’anecdotes (probablement apocryphes) plus que source d’informations concrètes, décrivent un archétype plutôt qu’un individu. Mille ans de commentaires n’ont pas dissipé ses obscurités. Il reste insaisissable, entre deux légendes.
Présentées ici pour la première fois dans une édition française bilingue et critique, les Œuvres complètes de Tao Yuanming sont le testament poétique d’une manière singulière – et durable – d’habiter le monde.