"Chevelures, longs yeux, coupes, lèvres joyeuses...
Jouets que dégrade le temps !
Austérité, prière, études scrupuleuses...
Cendres que disperse le vent ! "
Les quatrains ou robaïyat d'Omar Khayyâm ont une renommée universelle. Ils ont fait l'objet de maintes transcriptions plus ou moins libres au fil des siècles. Celle que nous propose ici Jean Rullier a voulu répondre au quatrain persan – quatre vers de treize pieds – par son équivalent le plus naturel, le quatrain français, mais avec des vers de douze pieds, c'est-à-dire des alexandrins. Quelques exceptions, ici et là, confirment la règle.
Par ailleurs, Jean Rullier s'est attaché à suivre d'aussi près que possible les traductions littérales des orientalistes, en n'introduisant aucune idée nouvelle étrangère au quatrain d'origine.
Enfin, il a considéré comme essentiel de présenter ces 180 quatrains dans un ordre aussi logique que possible, correspondant, dans les grandes lignes, aux différentes époques de la vie de l'auteur. Les éditions précédentes les donnaient à lire plutôt dans le désordre ou regroupés par thèmes. Ces trois exigences font que cette nouvelle édition est sûrement la plus poétique, la plus rigoureuse et la plus agréable jamais publiée.
Rappelons qu'Omar Khayyâm, né en Perse en 1048, fut un des plus grands savants du Moyen Âge. Mathématicien, géomètre et astronome célèbre dans tout l'Orient, il fut aussi philosophe dans la lignée d'Avicenne. L'interdiction qui frappait ses écrits en Iran depuis 1979 vient d'être levée.
"Homme, puisque la vie en ce monde est un leurre,
Pourquoi plaindre ton sort, pourquoi te torturer ?
Abandonne ton âme au caprice de l'heure :
Le livre du destin n'est jamais raturé."